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Susan Copich, le monde en mode Desperate HouseMom
BY ERIC
Ah la vie de famille, la joie quotidienne d’avoir des enfants. Le paradis pour ceux qui n’en n’ont pas, et l’enfer pour ceux qui en ont. Oui, oui, bien sûr, on exagère… Un peu.
Mais pas autant que Susan Copich, qui avec ses photos, nous invite à plonger des deux pieds dans la case « enfer » sur la marelle de la vie familiale. Et nous évidemment on adore, on est fan, on like !!!
La Douceur du Foyer
C’est en quelque sorte la version IRL (In the real Life, pour les moins de 30 ans) ou live de la vie familial de Barbie et Ken telle qu’imaginée par Mariel Clayton . En remplaçant le filtre très guimauve généralement de mise lorsque les parents photographient leurs enfants, par celui plus trasho-subtil et décalé de l’humour noir, elle nous offre une vision plus sulfureuse et acidulée de l’univers esthétiquement sucré de la famille. On pense inévitablement au travail de Jonathan Hobin, ce n’est donc pas par hasard que lorsqu’on lui demande l’artiste qu’elle préfère dans notre Wall of Shock, c’est lui qu’elle choisit. Car nous adorons tellement son travail que nous avons dépassé notre incommensurable timidité pour lui poser quelques questions.
D’ailleurs comme chez Hobin, les photos de Suzan Copich sont une vision aux antipodes de l’enfant pur et innocent :
« J’adore travailler avec les contradictions. Ça rajoute de la vie, de l’énergie, de la tension. Quoi de mieux que d’allier, dans un même tableau, la pureté de l’enfance avec l’émotion sombre et versatile d’un adulte ? C’est électrique. Un ami m’a envoyé une citation de Gaston Bachelard après avoir parlé de mon travail : « Tout prend vie lorsque les contradictions s’accumulent ». Je ne pourrais pas mieux le dire. Je trouve mon inspiration dans tout et n’importe quoi : mes propres réflexions, un titre de journal, le comportement d’un de mes amis, la vision que j’ai sur l’attitude des adultes de ma génération, … la liste est riche et infinie. Quand je me suis embarquée dans ce projet, je voulais vraiment approfondir les pensées sombres dont beaucoup d’entre nous font l’expérience, et plus important encore, de voir comment l’humour peut contrecarrer cette noirceur. J’éprouve une certaine satisfaction à créer une image qui peut véhiculer plusieurs émotions ou réactions. »
Les enfants, quel enfer
Mais ce qui donne encore un peu plus de piquant dans cette vision très Desperate Housewife de bonheur familial, est le fait que Susan Copich fait appel à ses propres filles et à son mari pour lui servir de modèles. Nous lui avons donc demandé comment cela se passait IRL (voir supra) de travailler dans ce genre de projet avec ses propres enfants :
« En fait, je leur ai d’abord demandé s’ils avaient envie de m’aider. Ils étaient très jeunes à l’époque et donc, pour eux, c’était surtout l’occasion de « jouer avec maman pendant son travail ». Beaucoup ont pu ressentir que j’utilisais mes enfants pour rajouter de la complexité dans mes photos mais, en réalité, je ne faisais que leur confier une mission très simple se limitant aux rôles qu’ils devaient jouer. Ils devaient penser à quelque chose de spécifique pour transmettre une émotion bien particulière, et la sensation obtenue n’avait généralement pas grand-chose à voir avec le sens de la photo. J’ai agi comme un véritable metteur en scène qui cherche une émotion ou un regard bien précis. Pour cela, je leur demandais de se projeter visuellement pour arriver au résultat désiré. C’est ce qu’on appelle la « méthode Stanislavski » en théâtre.
Au fur et à mesure qu’ils grandissent, leur opinion change. Ils deviennent plus mature et ont une manière différente d’interpréter les photos… je dirais que leur réaction est continuellement en chantier. Ça pourrait être intéressant d’en faire un documentaire. Sinon, au tout début, lorsqu’ils prennent la pose, je pense que leur expérience (à savoir, « passer un chouette moment avec leur mère ») a coloré leur réaction. Je pense aussi que, en grandissant, ils ont mieux compris ce qu’ils faisaient, et leur envie de participer a connu des hauts et des bas avec le temps. C’est une situation que j’ai toujours accepté et j’ai chaque fois attendu qu’ils aient envie de participer. Entre temps, je travaillais à d’autres projets, ou je me prenais comme modèle. Récemment, j’ai demandé à mon ainée de 13 ans si elle était d’accord de faire un projet, juste elle et moi, et elle a été enthousiaste. Je n’en revenais pas. Bon, ça ne veut pas dire que c’est facile tous les jours de lui faire prendre la pose, parce qu’à cet âge-là, son humeur varie toutes les heures, mais je suis arrivée à trouver du temps pour travailler avec elle quand je sens qu’elle a envie de s’y mettre…. petit à petit. C’est bien plus compliqué à gérer qu’une relation avec un modèle professionnel mais, pour moi, c’est beaucoup plus intéressant et, en fin de compte, c’est vraiment enrichissant. Je suis encore en train d’éduquer mes filles et donc, pour moi, c’est important de les impliquer dans mon travail. Je continuerai à les faire participer jusqu’à ce qu’elles n’aient plus du tout envie de m’aider, d’une manière ou d’une autre. Pour l’instant, celle de 10 ans n’a pas envie de poser. Elle préfère s’occuper de l’éclairage ou appuyer sur le bouton de l’obturateur. Elle préfère clairement être derrière l’objectif à s’occuper des éclairages…ça lui paraît être une tâche plus importante.
Mais assez de mots, faisons place à l’œuvre, dont les trois premiers clichés sont de nouvelles compositions dont Suzan Copich nous fait le grand honneur de pouvoir vous les faire découvrir avant les autres.
Et, ici encore plus que chez les autres artistes que nous vous présentons, le petit plus se trouve dans les détails…
La photographe a récemment échangé, l’instant d’un court métrage, son appareil photo par une caméra pour réaliser : The Cupcake, qui s’appuie sur la série de photos conceptuelles de Susan Copich : « Domestic Bliss » (« La Douceur du Foyer »). Dans une belle banlieue verdoyante, une femme au foyer (Susan Copich) cherche désespérément à briser l’ennui de sa vie quotidienne. SI elle ne prévoit pas dans l’immédiat de diffuser le film sur le web, Suzan Copich est à la recherche de festivals prêts à accueillir sa réalisation, à bon entendeur… salut !
Et on vous invite à découvrir toute l’étendue de son talent sur son site web (et notamment sa série : « India »)
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